Monday, July 26, 2021

Madame de Maintenon's letter to Denise de la Fontaine d'Esche, Madame de Villarceaux, on the wedding of King Louis XIV of France and Maria Theresa of Spain, dated August 28, 1660

Source:

Lettres de Madame de Maintenon, volume 1, 1757


The letter:

Paris, 28 août 1660.
Je n'entreprendrai point de vous faire la relation de l'entrée du roi. Je vous dirai seulement, que ni moi ni personne ne saurions vous en faire comprendre toute la magnificence. Je ne crois pas qu'il se puisse rien imaginer de si beau, et la reine dut se coucher hier au soir assez contente du mari qu'elle a choisi. S'il y a des relations imprimées, dès aujourd'hui je vous en enverrai; si-non, j'attendrai. Mais je ne puis vous rien dire en ordre; et tout ce que je vis hier fort-distinctement, est à présent confus dans ma tête. Je fus toute yeux pendant dix ou douze heures de suite. La maison de Mr. le cardinal Mazarin ne fut pas ce qu'il y eut de plus laid; elle commença par 72 mulets de bagage: les 24 premiers avoient des couvertures assez simples; les autres, en avoient de plus belles, plus fines, plus éclatantes, que les plus belles tapisseries que vous ayez jamais vues; et les derniers, en avoient de velours rouge, en broderie d'or et d'argent, avec des mords d'argent et des sonnettes: tout cela d'une magnificence sur laquelle on se récria beaucoup. Ensuite vingt-quatre pages passerent, et tous les gentilshommes et officiers de sa maison. Après cela, douze carrosses à six chevaux, et ses gardes. Enfin, sa maison fut plus d'une heure à passer et à être admirée. Celle de MONSIEUR vint ensuite. J'oubliois dans celle de Mr. le cardinal, vingt-quatre chevaux de mains, couverts de housses si belles, et si beaux eux-mêmes, que je n'en pouvois ôter les yeux. La maison de MONSIEUR parut donc très-pitoyable: et il y avoit, dit-on du dessein; c'étoit pour montrer l'excessive opulence du cardinal. Le comte d'Estrées appelloit pourtant cela une fastueuse simplicité. La maison du roi fut véritablement royale. Vous savez, madame, mieux que moi, ce qui la compose. Mais ce que vous n'imaginerez pas, c'est la beauté des chevaux que montoient les pages de la grande et petite écurie, qui les manioient très-adroitement. Les différentes brigades des mousquetaires avoient différentes plumes: la premiere en avoit des blanches; la seconde, des jaunes, noires et blanches; la troisieme, des bleues, blanches et noires; et la quatrieme, des vertes et blanches. Les pages de la chambre étoient vêtus de casaques de velours de feu, chamarrées d'or; Mr. de Navailles paroissoit à la tête des Chevaux-légers; tout cela magnifique; Vardes à la tête des Cent-Suisses; il étoit avec du verd sur de l'or, et de fort bonne mine. Ensuite... non... Les gens de qualité suivoient les Chevaux-légers; on en vit un très-grand nombre, tous si bien, qu'on n'en pouvoit préférer un à un autre. J'y cherchai mes amis: Beuvron passa un des premiers avec Mr. de Saint-Luc; il me cherchoit aussi, mais non où j'étois. Tous les autres marchoient assez en désordre. Je cherchai M. de Villarceaux; mais il avoit un cheval si fougueux, qu'il étoit à vingt pas de moi, lorsque je le reconnus. Il me parut des mieux: il étoit des moins magnifiques, mais le plus galamment. Il avoit un beau cheval, qu'il manioit bien: sa tête brune paroissoit de loin; et l'on se récria sur lui, quand il passa. Tous ces messieurs allerent faire de grandes révérences au balcon de l'abbé d'Aumont. Je vous ai mandé qui y étoit. Le comte de Guiche marchoit seul, fort-paré de pierreries, qui éclatoient au soleil admirablement; entouré de force-belles livrées, et suivi de quelques officiers des gardes; il alla sous le balcon, comme vous pouvez penser; je crois qu'il dut plaire assez; car il étoit en plein de verd et de blanc, qui réussit fort bien. Les maréchaux de France précédoient le roi, devant lequel on portoit un dais de brocard..... Le roi saluoit tout le monde avec une grace et une majesté surprenantes. Ensuite parut M. le chancelier, en robe et manteau de brocard d'or, environné de laquais et de pages, vêtus de satin violet, chamarrés d'argent, et couverts de plumes. Enfin, madame, rien de plus pompeux: des seigneurs, on ne sauroit dire quel étoit le mieux; et si j'avois à donner le prix à quelqu'un, ce seroit au cheval qui portoit les sceaux. La Feuillade avoit affecté une singularité qui ne réussit pas: il n'avoit sur la broderie que du ruban noir et des plumes noires. Le chevalier de Grammont, Rouville, Bellefonds et quelques autres courtisans suivoient la maison de Mr. le cardinal; ce qui surprit tout le monde; on dit que c'étoit par flatterie, et je m'en informerai. Le chevalier étoit tout couvert de couleur de feu, et fort-brillant. Rouville étoit en housse d'emprunt. Pour moi, j'aurois pris le parti de n'y pas être; car le roi sait bien qu'il n'est pas en état de faire ces dépenses-là. Voilà, madame, tout ce qui je puis vous dire aujourd'hui. J'ai même la main si lasse, que je ne vous remercierai point de toutes les bontés que vous me témoignez. Madame de Préaux m'envoya encore hier au soir une de vos lettres, dont je vous rends mille graces. Je n'enverrai celle-ci à la poste que le plus tard que je pourrai, afin d'attendre des relations, s'il y en a d'imprimées.

Dans les premieres harangues que l'on a faites, je n'ai point ouï parler de celle du président Amelot. On ne peut encore savoir ce qu'ils auroit fait, ni celui qui aura le mieux réussi: je m'en informerai. On dit que les plus courtes ont été les moins mauvaises. Les présidents à mortier étoient assez ridicules avec leurs mortiers sur la tête, qui de loin paroissoient de ces boîtes plates de confiture. On chante aujourd'hui le Te Deum. Dimanche, il y aura un feu sur l'eau devant le Louvre. On ne parle que de plaisirs. Je vous prie de croire que je n'en ai point de plus grand, que de vous donner des marques de ma gratitude et de mon respect.
D'AUBIGNY.

P. S. Je viens d'apprendre que le roi donna les clefs de la ville, que l'on lui apporta, à Mr. de Trêmes, qui les envoya sur l'heure à madame de Navailles. Les relations ne sont pas encore imprimées: je vous envoie ce qu'il y a. Trouvez bon que je fasse ici mes compliments à M. de Villarceaux, et à M. et à mademoiselle de la Garanne.

English translation (my own):

Paris, August 28, 1660.
I will not undertake to relate to you the entry of the King. I will only tell you that neither I nor anyone else can make you understand all the magnificence. I don't think you can imagine anything so beautiful, and the Queen must have gone to bed last night quite happy with the husband she had chosen. If there are any printed reports, I will send them to you today; if not, I will wait. But I cannot tell you anything in order; and all that I saw very distinctly yesterday is now confused in my head. I was all eyes for ten or twelve hours in a row. The household of Cardinal Mazarin was not the most ugly; it began with 72 baggage mules. The first 24 had fairly simple blankets; the others had more beautiful, finer, more brilliant ones than the most beautiful tapestries you have ever seen; and the last ones were of red velvet, in gold and silver embroidery, with silver bits and bells; all of this with a magnificence over which we cried a great deal. Then twenty-four pages passed, and all the gentlemen and officers of his household. After that, twelve carriages with six horses, and its guards. Finally, his house was more than an hour to pass and be admired. Monsieur's came next. I forgot in that of Monsieur le Cardinal, twenty-four horse-hands, covered with covers so beautiful, and so beautiful themselves, that I could not take my eyes off. Monsieur's house therefore appeared very pitiful, and there was, it is said, design; it was to show the cardinal's excessive opulence. Yet the Comte d'Estrées called it a sumptuous simplicity. The king's household was truly royal. You know, Madame, better than I, what makes it up. But what you will not imagine is the beauty of the horses which the pages of the great and small stable rode, who handle them very skilfully. The different brigades of the musketeers had different feathers; the first had white ones; the second, yellows, blacks and whites; the third, blue, white and black; and the fourth, green and white. The pages of the room were dressed in gowns of fiery velvet, adorned with gold; Monsieur de Navailles appeared at the head of the Light Horses; all this magnificent; Vards at the head of the Cent-Suisses; it was green on gold, and very good looking. Then... no... the good people followed the Light Horses; we saw a great number of them, all so well that we could not prefer one to another. I looked for my friends there. Beuvron was one of the first with Monsieur de Saint-Luc; he was looking for me too, but not where I was. All the others walked quite in disorder. I looked for Monsieur de Villarceaux; but he had such a fiery horse that he was twenty paces from me when I recognized him. He seemed to me the best, he was the least magnificent, but the most gallantly. He had a beautiful horse, which he handled well: his brown head appeared from afar; and they cried out against him when he passed. All these gentlemen went to make great curtsey to the balcony of the Abbé d'Aumont. I told you who was there. The Comte de Guiche walked alone, well adorned with precious stones, which sparkled admirably in the sun; surrounded by force-belles-liveries, and followed by some officers of the guards; he went under the balcony, as you can imagine; I think he must have been pleasing enough; for it was full of green and white, which succeeds very well. The marshals of France preceded the King, in front of whom one carried a canopy of brocade ..... The King greeted everyone with grace and a surprising majesty. Next appeared the Chancellor, in a robe and mantle of gold brocade, surrounded by lackeys and pages, dressed in purple satin, embellished with silver, and covered with feathers. Finally, Madame, nothing more pompous; of the lords, one cannot say which was better; and if I had to give the prize to someone, it would be to the horse which bore the seals. La Feuillade had affected a singularity which did not succeed. All he had on the embroidery was black ribbon and black feathers. The Chevalier de Grammont, Rouville, Bellefonds and a few other courtiers followed the house of the cardinal; which surprised everyone; they say it was out of flattery, and I will inquire about it. The knight was all covered with the color of fire, and very brilliant. Rouville was in a loan cover. For me, I would have made up my mind not to be there; for the king knows very well that he is not in a position to incur these expenses. That, Madame, is all that I can tell you today. My hand is so terribly weary that I will not thank you for all the kindness you show me. Madame de Préaux again sent me one of your letters last night, for which I thank you very much. I will not send this to the post office until as late as I can, in order to await relations, if there are any printed ones.

In the first harangues that were given, I did not hear that of President Amelot. We cannot yet know what they would have done, nor who will have succeeded the best; I will inquire about it. It is said that the shortest were the least bad. The mortar presidents were rather ridiculous with their mortars on their heads, which from afar looked like those flat boxes of jam. Today we sing the Te Deum. On Sunday there will be a fire on the water in front of the Louvre. We only speak of pleasures. I beg you to believe that I have nothing greater than to give you marks of my gratitude and my respect.
d'Aubigny.

P. S. I have just learned that the King gave the keys of the city, which they brought him, to Monsieur de Trêmes, who sent them on time to Madame de Navailles. The relations are not yet printed; I am sending you what's there. Please think it good that I pay my compliments to Monsieur de Villarceaux, and to Monsieur and Mademoiselle de la Garanne.

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