Saturday, September 11, 2021

Madame de Sévigné's letter to Roger de Rabutin, Comte de Bussy, dated June 17, 1670

Source:

Lettres, compiled by Hachette Monmerqué, 1862



Above: Madame de Sévigné, painted by Robert Nanteuil.


Above: Roger de Rabutin, Comte de Bussy, painted by Claude Lefèbvre.

The letter:

À Paris, le 17e juin 1670.
Allons, je le veux, Monsieur le Comte, je vous écrirai quand vous m'écrirez, ou quand la fantaisie m'en prendra. Je pense qu'il ne faut rien de plus réglé à des conduites aussi dégingandées que les nôtres. C'est un assez beau miracle que nos fonds soient bons, sans nous demander des dehors fort réguliers.

Au reste, je vous déclare que, selon les gens, je fais un grand secret du mien. J'ai hasardé deux ou trois fois de le dire sans choix; j'ai tant trouvé d'hélas, d'admirations, de signes de croix, et même de discours fâcheux de moi dans mon chemin, que je me résolus de choisir les gens à qui je fais cette confidence. Vous êtes de ce nombre; car je m'imagine qu'en votre faveur vous voudrez bien excuser les retours de mon cœur pour vous, quand même vous auriez vu des lettres que j'ai retrouvées depuis peu, où vous me remerciez avec chaleur et reconnoissance de la véritable envie que j'avois de vous avancer de l'argent sur notre oncle de Chalon; et ensuite la querelle d'Allemand se forma sur ce que vous trouvâtes qu'on pouvoit faire sur moi une fort jolie satire. Je vous mets donc du nombre de ceux qui veulent bien m'excuser. M. de Corbinelli en est aussi. Il a des tendresses pour vous qui rallumeroient les miennes quand je n'y serois pas disposée. Je vous trouve heureux d'avoir devant vous le plaisir de le voir. Pour moi, j'ai derrière celui de l'avoir vu, dont je suis au désespoir; car, en un mot, son esprit est fait pour plaire au mien. Je n'avois rien trouvé en son absence qui me pût consoler de lui. Il m'aime comme j'aime qu'on m'aime. Ainsi je perds ma joie et la douceur de ma vie en le perdant.

J'admire par quels enchaînements sa destinée le porte à deux cents lieues de moi, et son intérêt m'y fait consentir, contre le mien propre.

Adieu, Comte, écrivons-nous, et prenons courage contre nos ennemis. Pensez-vous que je n'en aie pas, moi qui vous parle? Je fais mes compliments à toutes vos dames Mme de Grignan vous fait les siens de très-bonne grâce. Je ne suis pas accoutumée à la voir grosse, j'en suis scandalisée aussi bien que vous.

APOSTILLE DE CORBINELLI.
Vous êtes deux vrais Rabutins, nés l'un pour l'autre.

English translation (my own):

Paris, June 17, 1670.
Come, I will, Monsieur le Comte, I will write to you when you write to me, or whenever the fancy takes me. I think that nothing more regulated to behaviour as gangly as ours. It's a pretty good miracle that our funds are good, without asking us for very regular outings.

Besides, I tell you that, according to people, I keep mine a great secret. I have ventured two or three times to say it without choice; I have found so many alas, admiration, signs of the cross, and even unfortunate speeches from me in my journey, that I resolved to choose the people to whom I confided this confidence. You are of this number; because I imagine that in your favour you will excuse the return of my heart for you, even if you have seen letters that I have recently found, in which you thank me with warmth and gratitude for the real desire that I had to advance you money on our uncle de Chalon; and then the German quarrel arose over what you found that a very pretty satire could be done on me. So I put you among those who will excuse me. Mr. Corbinelli is also involved. He has tenderness for you which would relight mine when I am not disposed to. I find you happy to have the pleasure of seeing him before you. As for me, I haven't seen him, of which I am in despair; for, in a word, his mind is made to please mine. I had found nothing in his absence that could console me for him. He loves me as I love people to love me. So I lose my joy and the sweetness of my life by losing it.

I admire by what chains his destiny carries him two hundred leagues from me, and his interest makes me agree to it, against my own.

Farewell, Count, let's write, and take courage against our enemies. Do you think I don't have any, I who speak to you? I pay my compliments to all your ladies, Madame de Grignan gives you hers with very good grace. I am not used to seeing her pregnant, I'm just as shocked as you are.

Postscript by Corbinelli.
You two are true Rabutins, the one born for the other.

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