Saturday, September 11, 2021

Queen Maria of Hungary's letter to Ambassador Simon Renard, dated November 19, 1553

Source:

Papiers d'État du cardinal de Granvelle (documents inédits sur la histoire de France), volume 4, page 149, published by Antoine Perrenot de Granvelle and Charles Weiss, 1841



Above: Maria of Austria, queen of Hungary and Bohemia and governor of the Netherlands, painted after Jan Cornelisz Vermeyen.


Above: Simon Renard, painted by Antonis Mor.

The letter:

Marie, par la grâce de Dieu, reine douairière d'Hongrie, de Bohême et régente.
Très-cher et bien-amé: Nous avons receu vos lettres du VIIIe du présent, et par ce que [vous] écrivez à l'empereur, mon seigneur, entendu l'estat auquel se retreuve vostre négociation du mariage, que me semble a pris jusques à ores bon chemin, et que vous y avez dextrement et prudemment procédé. Et pour austant que la principale response sur vosdites lettres consiste sur l'envoi des personnaiges qui devront proposer la matière comme il convient à la réputation de la dame, ce ne pourra estre sitôt, pour ce qu'il convient choisir personnaiges de qualité, lesquels requerront aulcuns jours pour s'apprester avant que se mettre en chemin. Et pour prendre résolution et déterminer de ceux que y devront aller, sa majesté a fait advertir aulcuns principaulx sieurs de par deçà pour se treuver ici le XXII de ce mois, pour communicquer avec eux sur ceste négociation et encheminer ceux qui y devront aller, lesquelz nous procurerons ilz se partent au plus tôt que possible sera; vous recommandant de entretenir ce pendant la bonne volunté de la royne, et de gaigner celle de ses conseilliers, comme il convient au parfaict de l'encheminement de ladicte négociation; et sera bien que de temps à aultre vous advertissiez sadicte majesté de tout ce que vous pourrez descouvrir des humeurs de ce cousté-là, et même comme telle négociation se prendra par delà, tant de la noblesse que du peuple, puisqu'il est apparent que, se démeslant la chose par tant de gens, l'on commencera de descouvrir plus clèrement comme les dessusdicts le prendront. Et ne sera besoin que, aux lettres que vous nous pourrez escripre, vous répétez ce que contiennent celles à sa majesté impériale, puisque je vois icelles, se pouvant excuser ceste peine, tant à vous d'écrire, que à nous de lire le mesme deux fois.

Au regard du désir qu'escripvez que ladicte dame a que [nous] puissions nous-mesmes aller par delà, vous la pourrez asseurer, lui faisant nos affectueuses recommandations, que [nous] ne désirerions moins de y aller, pour la voir et pour nous employer de plus près en si bonne euvre, mais que [nous] ne véons comme les affaires de par deçà, èsquelles nous soulageons sadicte majesté le plus que nous pouvons, le pourroint comporter et mesme pour longtemps. Mais venant au parachèvement d'icelle négociation, nous ne sommes hors d'espoir, comme vous lui direz, qu'il se pourroit adonner l'opportunité de faire ce voyaige, et mesme y venant le prince, monsieur nostre neveu, et que nous le procurerons aultant qu'il nous sera possible.

Et vous lui direz dadvantaige qu'ayant entendu, par ce que escripvez à l'évesque d'Arras, le désir qu'elle avoit de veoir la pourtraicture dudict sieur prince, que nous vous en envoyons, avec ceste, une faicte de la main de Titiano il y a trois ans, jugée par tous, selon qu'il estoit lors, fort naturelle. Vray est que la poincture s'est un peu gastée par le temps et en l'apportant dois Ausbourg ici; si est-ce qu'elle verra assez par icelle sa ressemblance, la voyant à son jour et de loing, comme sont toutes poinctures dudict Titian que de près ne se recongnoissent; et jugera assez que ce n'est chose faicte à la main, pour être la poincture faicte de si longtemps. Et si pourra, de ce qu'estoit lors, conjecturer le progrez qu'il aura faict par l'adjonction de trois ans davantaige d'eage, et lui présenterez ladicte poincture de nostre part avec une seule condition, qu'est de ravoir icelle comme chose monte, lorsqu'elle aura le personnaige vif en sa présence. A tant, etc. De Bruxelles, le XIX de novembre 1553.
MARIE.
BAVE.

With modernised spelling:

Marie, par la grâce de Dieu, reine douairière d'Hongrie, de Bohême et régente.
Très cher et bien-aimé: Nous avons reçu vos lettres du VIIIe du présent, et par ce que [vous] écrivez à l'empereur, mon seigneur, entendu l'état auquel se retreuve votre négociation du mariage, que me semble a pris jusqu'à ores bon chemin, et que vous y avez dextrement et prudemment procédé. Et pour autant que la principale response sur vosdites lettres consiste sur l'envoi des personnages qui devront proposer la matière comme il convient à la réputation de la dame, ce ne pourra être sitôt, pour ce qu'il convient choisir personnages de qualité, lesquels requerront aucuns jours pour s'apprêter avant que se mettre en chemin. Et pour prendre résolution et déterminer de ceux que y devront aller, Sa Majesté a fait avertir aucuns principaux sieurs de par deçà pour se treuver ici le XXII de ce mois, pour communiquer avec eux sur cette négociation et encheminer ceux qui y devront aller, lesquels nous procurerons ils se partent au plus tôt que possible sera; vous recommandant de entretenir ce pendant la bonne volonté de la reine, et de gagner celle de ses conseilliers, comme il convient au parfait de l'encheminement de ladite négociation; et sera bien que de temps à autre vous avertissiez Sadite Majesté de tout ce que vous pourrez découvrir des humeurs de ce côté-là, et même comme telle négociation se prendra par de-là, tant de la noblesse que du peuple, puisqu'il est apparent que, se démêlant la chose par tant de gens, l'on commencera de découvrir plus clairement comme les dessus-dits le prendront. Et ne sera besoin que, aux lettres que vous nous pourrez écrire, vous répétez ce que contiennent celles à Sa Majesté Impériale, puisque je vois icelles, se pouvant excuser cette peine, tant à vous d'écrire, que à nous de lire le même deux fois.

Au regard du désir qu'écrivez que ladite dame à que [nous] puissions nous-mêmes aller par de-là, vous la pourrez assurer, lui faisant nos affectueuses recommandations, que [nous] ne désirerions moins de y aller, pour la voir et pour nous employer de plus près en si bonne œuvre, mais que [nous] ne voyons comme les affaires de par deçà, èsquelles nous soulageons Sadite Majesté le plus que nous pouvons, le pourront comporter et même pour longtemps. Mais venant au parachèvement d'icelle négociation, nous ne sommes hors d'espoir, comme vous lui direz, qu'il se pourrait adonner l'opportunité de faire ce voyage, et même y venant le prince, monsieur notre neveu, et que nous le procurerons autant qu'il nous sera possible.

Et vous lui direz davantage qu'ayant entendu, parce que écrivez à l'évêque d'Arras, le désir qu'elle avait de voir la portraiture dudit sieur prince, que nous vous en envoyons, avec cette, une faite de la main de Titiano il y a trois ans, jugée par tous, selon qu'il était lors, fort naturelle. Vrai est que la pointure s'est un peu gâtée par le temps et en l'apportant dois Augsbourg ici; si est-ce qu'elle verra assez par icelle sa ressemblance, la voyant à son jour et de loin, comme sont toutes pointures dudit Titian que de près ne se reconnaissent; et jugera assez que ce n'est chose faite à la main, pour être la pointure faite de si longtemps. Et si pourra, de ce qu'était lors, conjecturer le progrès qu'il aura fait par l'adjonction de trois ans davantage d'âge, et lui présenterez ladite pointure de notre part avec une seule condition, qu'est de ravoir icelle comme chose monte, lorsqu'elle aura le personnage vif en sa présence. A tant, etc. De Bruxelles, le XIX de novembre 1553.
MARIE.
BAVE.

Notes: retreuver = retrouver (to find again).

vosdit = le dit de vous (your said).

ores = maintenant (now).

se treuver = se trouver (to find oneself somewhere).

encheminer = se diriger, aller (to head towards, to go).

encheminement = départ (departure, going).

èsquelles = desquelles (of which (feminine)).

lors = ce temps-là (then, at that time).

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