Wednesday, February 24, 2021

Catherine the Great's letter to the Holy Roman Emperor Joseph II, dated May 26, 1774

Source:

Joseph II und Katharina von Russland: Ihr Briefwechsel, published by Alfred Ritter von Arneth, 1869



Above: Catherine the Great, Empress of Russia, painted by Feodor Rokotov.


Above: Joseph II, Holy Roman Emperor, artist unknown.

The letter:

Monsieur mon frère. L'intérêt permanent qui subsiste entre mes Etats et ceux de la maison de Votre Majesté Impériale, ne souffre point que l'une des deux monarchies voie d'un oeil jaloux les avantages et prenne ombrage de la prospérité de l'autre. Je me crois à l'abri d'un tel soupçon, lorsque je porte à la considération de V. M. les inquiétudes et les alarmes de la Pologne à la fixation définitive des nouvelles limites autrichiennes au Sbrutz, après s'être cru assurée par un traité, qu'elles ne s'étendraient que jusqu'au Seret, de même qu'à la nouvelle démarcation des acquisitions du roi de Prusse notre allié. Si j'écoute dans cette démarche un attendrissement naturel sur les malheurs d'une nation qui a avec mon empire des relations si immédiates, je ne suis pas moins déterminée par le motif du bien essentiel de l'union et du concert des trois Cours, qui ont pris en main l'arrangement de ses affaires, en se faisant un système pour elles-mêmes tant sur son gouvernement que sur l'étendue de ses possessions. Pour remplir ce plan, il a fallu triompher de la répugnance d'un Etat à céder des provinces entières. On a eu à contenir la jalousie de toute l'Europe sur des acquisitions de cette importance, mais l'intimité qui a régné dans l'entreprise, en a procuré le succès jusqu'au point où on était parvenu. Je n'ai pas besoin d'avancer, que la même intimité peut seule conduire l'ouvrage à sa fin et le maintenir à perpétuité, et que par cette raison elle fait d'objet de la vive sollicitude des trois Cours. Comme les principes sur lesquels a été fondé tout le concert, et qui même ont été trouvés et proposés par la Cour de V. M., ont été l'égalité du partage et l'équilibre de puissance entre elles, et l'existence de la république comme puissance intermédiaire, les trois Cours ne sauraient les perdre de vue, sans altérer, soit entre elles, soit au dehors, une union qui n'en impose aux puissances jalouses que par l'opinion de sa solidité. On aura su que les limites autrichiennes n'étaient pas claires, on a vu ensuite une variation à celles de la Cour de Berlin, et d'abord on en influera que la jalousie joue son jeu entre deux Cours qui paraissent unies vers un même objet, et on supposera d'autre part la Russie d'autant plus mécontente qu'on la juge la moins bien partagée. Que de ressorts on fera mouvoir pour étendre ces sources de division! S'il n'était question que d'un moment donné, pendant lequel on les ferait agir, en y opposant une résistance proportionnée, on pourrait se répondre de les rendre vains, mais le champ peut rester ouvert pour bien du temps. La Pologne, poussée à l'extrémité, ne cherchera de ressource que dans sa faiblesse, et protestera en dissolvant le corps qui représente la nation. Toute la négociation reste au point où elle est, et les engagements respectifs des trois puissances se réduisent à une garantie préalable à l'arrangement avec la Pologne, mais non-appréciée sur des cessions effectives de sa part. Tout invite les trois Cours à ne pas laisser imparfait un lieu qui doit subsister à perpétuité entre leurs monarchies, et leur présenter à défendre un nouvel intérêt que leur prudence et leur modération leur ont suggéré.

V. M. pèsera dans Sa sagesse et avec Son équité naturelle, si toutes ces considérations sont égales ou supérieures au sacrifice que ferait Sa maison de restreindre ses frontières au Seret. Pour moi, ma confiance en Ses lumières et les sentiments aussi vrais que désintéressés d'estime et d'amitié que je porte tant à Elle qu'à l'Impératrice Reine Sa mère, ne me permettront jamais d'appréhender qu'Elle regarde comme de vaines inquiétudes que je chercherais à faire naître en Son esprit, une vérité que je ne Lui dis que parce que je la sens et la connais. C'est que, si les trois Cours veulent prouver que dans le concert qu'elles ont formé sur la Pologne, et les opérations communes qui en ont dérivé, elles se sont déterminées moins par le désir d'acquérir que par les vues grandes et politiques, de fixer dans un état de bon ordre et de tranquilité, tel que l'exige le bien-être et la sûreté de leurs frontières, un royaume voisin souvent livré aux troubles et à l'anarchie, et dans le partage qu'a dicté un tel dessein, de se balancer elles-mêmes toutes les trois par un accroissement égal à la puissance de chacune, idée la plus noble et la plus imposante qui puisse être donnée à l'Europe d'une pareille entreprise, ce ne peut être en comptant pour tout la faiblesse de la Pologne et regardant cet Etat comme non-existant, qu'on pourra se flatter d'y réussir. Le désespoir sera sa ressource contre l'aggravation de ses maux, ou au moins celle à laquelle elle s'abandonnera. J'ose l'avancer, et le ministre de V. M. à Varsovie ne saurait Lui laisser ignorer, jusqu'à quel degré cette disposition à rompre toute négociation et à protester, est parvenue, et l'éclat n'en est peut-être retenu que par l'attente de quelques semaines, pour voir ce que l'envoi des trois ministres à nos trois Cours aura effectué. S'il n'est point d'adoucissement à ses pertes, il sera immanquablement un terme où il ne sera plus préparé, qu'à mesure que la diète se prolonge, on voit les dispositions s'altérer graduellement et approcher plus d'une dislocation générale des esprits. C'eût été manquer de ma part à ce qu'exige l'intérêt de l'union et de la cause commune, que de garder le silence sur un état des choses marqué à de tels caractères, et ma réserve ne se serait pas mieux conciliée avec les sentiments de haute considération et d'amitié sincère avec lesquels je suis
Monsieur mon frère
de Votre Majesté Impériale
la bonne soeur et amie
CATERINE.

Zarskoe-Selo le 26 mai 1774.

English translation (my own):

Sir my brother. The permanent interest which subsists between my States and those of the house of Your Imperial Majesty does not allow one of the two monarchies to see the advantages with a jealous eye and take umbrage at the prosperity of the other. I believe myself to be safe from such suspicion when I bring to your Majesty's consideration the concerns and alarms of Poland at the definitive fixing of the new Austrian limits to the Sbrutz, after having believed itself secured by a treaty that they would extend only to the Seret, as well as to the new demarcation of the acquisitions of the King of Prussia, our ally. If I listen in this process to a natural tenderness over the misfortunes of a nation which has such immediate relations with my empire, I am no less determined by the motive of the essential good of the union and the concert of the three Courts, who have taken the arrangement of their affairs in hand, making a system for themselves both over their government and over the extent of their possessions. To fulfill this plan, it was necessary to triumph over the reluctance of a state to cede entire provinces. We had to contain the jealousy of all of Europe on acquisitions of this importance, but the intimacy which reigned in the company, procured its success to the point where it had arrived. I do not need to advance, that the same intimacy can alone lead the work to its end and maintain it in perpetuity, and that for this reason it is the object of the lively solicitude of the three Courts. As the principles on which the whole concert was founded, and which were even found and proposed by the Court of Your Majesty, were the equality of the division and the balance of power between them, and the existence of the republic as an intermediary power, the three Courts could not lose sight of them, without altering, either between themselves or without, a union which only imposes on jealous powers by the opinion of its solidity. We will have known that the Austrian limits were not clear, we then saw a variation to those of the Court of Berlin, and first of all we will influence that jealousy plays its game between two Courts which appear united towards the same object, and on the other hand we will suppose Russia all the more dissatisfied when it is judged to be the least well divided. How many springs will be moved to extend these sources of division! If it were only a question of a given moment, during which one would make them act, by opposing it a proportionate resistance, one could answer to make them vain, but the field can remain open for a long time. Poland, pushed to the extreme, will seek resources only in her weakness, and will protest by dissolving the body which represents the nation. The whole negotiation remains where it is, and the respective commitments of the three powers are reduced to a guarantee prior to the arrangement with Poland, but not assessed on effective cessions on its part. Everything invites the three Courts not to leave imperfect a place which must exist in perpetuity between their monarchies, and to present them to defend a new interest that their prudence and their moderation have suggested to them.

Your Majesty will weigh in your wisdom and with your natural equity, whether all these considerations equal or exceed the sacrifice your house would make of restricting its borders to the Seret. For me, my confidence in her enlightenment and the feelings as true as disinterested of esteem and friendship that I have both for her and for the Empress Queen her mother, will never allow me to apprehend that she looks like vain anxieties that I would try to arouse in her mind, a truth that I only tell her because I feel and know it. This is because, if the three Courts want to prove that in the concert they formed on Poland, and the common operations which derived from it, they were determined less by the desire to acquire than by the great and policies, to establish in a state of good order and tranquility, as required by the well-being and the security of their borders, a neighboring kingdom often delivered to troubles and anarchy, and in the division that dictated such a design, of balancing themselves all three by an increase equal to the power of each, the noblest and most imposing idea which can be given to Europe of such an enterprise, it cannot be counting for all the weakness of Poland and looking at this state as non-existent, we can flatter ourselves of success. Despair will be her resource against the aggravation of her evils, or at least the one to which she will surrender. I dare to advance it, and your Majesty's Minister in Warsaw cannot allow him to be unaware, to what degree this disposition to break off all negotiations and to protest, has succeeded, and perhaps the brilliance of it is not. retained only by waiting a few weeks, to see what the sending of the three ministers to our three Courts will have done. If there is no easing of his losses, there will inevitably be a term for which he will no longer be prepared, only as the diet is prolonged, we see the dispositions gradually deteriorate and approach more than a general dislocation of minds. It would have been a failure on my part in what the interests of union and of the common cause demanded to remain silent on a state of affairs marked by such characteristics, and my reserve would not have been better. reconciled with the feelings of high consideration and sincere friendship with which I am,
Sir my brother,
Your Imperial Majesty's
good sister and friend
Catherine.

Tsarskoe Selo, May 26, 1774.

Note: In accordance with the nobility's ideals in the early modern era, kings, queens, emperors, empresses and other monarchs considered themselves siblings.

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