Sunday, March 21, 2021

Catherine the Great's letter to Stanislaus Poniatowski about how she overthrew her husband Tsar Peter III and took over from him, dated August 2 (Old Style), 1762

Sources:

Deux lettres inédites de l'impératrice Catherine II à Stanislas Poniatovski, compiled and published by P. L. Jacob, Libr. des Bibliophiles, Paris, 1873



Above: Catherine II the Great, Empress of Russia, formerly Princess Sophia of Anhalt-Zerbst, painted by Alexei Antropov.


Above: Stanislaus Poniatowski, painted by Per Krafft the Elder.


Above: Tsar Peter III, painted by Pietro Rotari.


Above: Ivan Orlov, painted by Fyodor Rokotov.


Above: Alexei and Grigori Orlov, painted by Jean Louis de Veilly.

The letter:

2 août (vieux style) 1762.
J'envoie incessamment le comte Kayserling ambassadeur en Pologne, pour vous faire Roy, après le décès de celui-ci, et en cas qu'il ne puisse réussir pour vous, je veux que ce soit le prince Adam.

Tous les esprits sont encore en fermentation. Je vous prie de vous retenir de venir ici, de peur de l'augmenter.

Il y avait six mois que mon avénement au throne se tramait. Pierre III avait perdu le peu d'esprit qu'il avait. Il heurtait tout le front; il voulait casser les gardes, il les menait en campagne, pour cela; il les aurait remplacé par ses trouppes d'Holstein qui devaient rester en ville. Il voulait changer la religion, se marier avec Elisabeth Woronzof, m'enfermer.

Le jour de la celebration de la paix, après m'avoir dit des injures publiquement à table, il avait ordonné, le soir, de m'arrêter. Mon oncle, le prince George, fit retracter cet ordre; depuis ce jour, je pretais l'oreille aux propositions qu'on me fesait depuis la mort de l'impératrice.

Le dessein etait de le prendre dans sa chambre et de l'enfermer, comme la princesse Anne et ses enfants. Il s'en alla à Oranienbaum. Nous etions surs d'un grand nombre de capitaines aux régiments des gardes. Le sort du secret etait entre les mains de trois frères Orlof, dont Osten se souvient d'avoir vu l'ainé me suivre partout et faire mille folies; sa passion pour moi etait publique, et tout, par lui, a été fait dans cette vue; ce sont des gens extremément determinés et fort aimés du commun des soldats, ayant servi dans les gardes. J'ai les plus grandes obligations à ces gens-là, tout Petersbourg en est temoin.

Les esprits des gardes etaient preparés, et il y avait, à la fin, dans le secret, de 30 à 40 officiers et près de 10,000 hommes du commun. Il ne se trouva point de traitre, pendant trois semaines, parce qu'il y avait quatre factions séparées dont on réunissait les chefs pour l'exécution, et le vrai secret etait entre les mains de ces trois frères; Panin voulait que ce fut en faveur de mon fils, mais ils n'y voulurent jamais consentir.

J'etais à Peterhof; Pierre III vivait et buvait à Oranienbaum. On etait convenu qu'en cas de trahison on n'attendrait pas son retour, mais assemblerait les gardes et me proclamerait. Le zèle pour moi fit ce que la trahison aurait effectuée; il se repandit un bruit dans les trouppes, le 27, que j'etais arretée; les soldats se mettent en mouvement, un de nos officiers les calme; vint un soldat chez un capitaine nommé Passik, chef d'une faction, et lui dit qu'assurément j'etais perdue; il l'assure qu'il avait de mes nouvelles. Ce soldat, toujours allarmé pour moi, s'en va chez un autre officier et lui dit la même chose; celui-ci n'etait point du secret. Effrayé d'entendre qu'un officier avait renvoyé ce soldat sans   l'arreter, s'en va au major. Celui-ci envoya arreter Passik. Voilà tout le regiment en mouvement. On envoya le rapport, pendant cette nuit, à Oranienbaum. Voilà l'allarme parmi nos conjurés; ils se resolurent d'abord d'envoyer le second frère Orlof chez moi, pour m'amener en ville, et les deux autres vont partout pour dire que je vais arriver.

Le Hetman, Wolkonsky Panin, etaient du secret. Je dormais tranquillement à Peterhof, à six heures du matin, le 28. La journée etait très inquiète pour moi, parce que je savais tout ce qui se tramait. Entre dans ma chambre Alexis Orlof et me dit avec une grande tranquilité: «Il est temps de vous lever, tout est prêt pour vous proclamer.» Je lui demandais des details, il me dit: «Passik est arrêté.» Je n'hesitai plus, je m'habillai vite, sans faire de toilette, et me mis dans le carrosse qu'il avait amené; un autre officier etait en guise de valet à la portière, un troisième vint au devant de nous à quelques verstes de Peterhof.

A cinq verstes de la ville, je rencontrais l'ainé Orlof avec le prince Bariatinsky le cadet; celui-ci me ceda la place dans la chaise, car mes chevaux etaient rendus et nous allâmes debarquer dans le regiment d'Ismaïlofsky. Il n'y avait que douze hommes et un tambour qui se mit à battre l'allarme. Voilà les soldats qui arrivent, me baisant, m'embrassant les pieds, les mains, l'habit, me nommant leur sauveur. Deux amènerent un pretre sous les bras, avec la croix. Les voilà qui se mettent à me préter serment; cela fait, on me priait de monter dans un carrosse; le pretre avec la croix marchait devant. Nous allâmes au regiment de Séménofsky; celui-ci vint au devant de nous en criant vivat; nous allâmes à l'eglise de Casan, où je descendis. Arrive le regiment de Préobrajensky, en criant vivat, me disant: «Nous vous demandons pardon d'etre venus les derniers, nos officiers nous ont arretés; mais en voilà quatre, que nous vous amenons arretés pour vous montrer notre zèle; nous voulions aussi ce que nos frères voulaient.» Arrive la garde à cheval; celle-ci etait dans une fureur de joie, comme je n'ai rien vu de pareil, pleurant, criant à la delivrance de la patrie.

Cette scène se passait entre le jardin du Hetman et la Casansky; la garde à cheval etait en corps, les officiers à la tête. Comme je savais que mon oncle, à qui Pierre III avait donné ce régiment, en etait horriblement haï, j'envoyais des gardes à pied chez mon oncle pour le prier de rester à la maison, de peur d'accident pour sa personne; point du tout, son regiment avait detaché pour l'arreter; on pilla sa maison et on le maltraita.

J'allais au nouveau palais d'hyver, où le synode et le senat etaient assemblés. On dressa à la hâte un manifeste et le serment. Delà, je descendis et fis à pied le tour des trouppes. Il y avait plus de 14 mille hommes, gardes et regiments de campagne. Dès qu'on me voyait, c'etait des cris de joye, qu'un peuple innombrable répétait; j'allai au vieux palais d'hyver, pour prendre les mesures et achever. Là, nous conseillâmes et il fut resolu d'aller, moi à la tête, à Peterhof, où Pierre III devait diner. Il y avait des postes posés sur tous les grands chemins, et de moment en moment on nous amenait des langues.

J'envoyai l'amiral Talisin à Cronstadt. Arriva le chancelier Woronzow, envoyé pour me faire des reproches sur mon départ: on le mena à l'église pour preter serment. Arrive le prince Troubetzkoy et le conte Schouvalof, aussi de Peterhof, pour s'assurer des régiments et pour me tuer; on les mena preter serment, sans aucune résistance.

Après avoir expédié tous nos courriers et pris toutes nos précautions, vers les 10 heures du soir, je me mis en uniforme des gardes. M'etant fait proclamer colonel, avec des acclamations inexprimables, je montais à cheval, et nous ne laissâmes que peu de monde de chaque régiment pour la garde de mon fils, qui etait resté en ville. Je sortis aussi, à la tête des trouppes, et nous marchâmes toute la nuit à Peterhof; arrivés au petit monastère sur ce chemin, arrive le vice-chancelier Galitzine avec une lettre très-flatteuse de Pierre III. J'avais oublié de dire qu'en sortant de la ville, vinrent à moi trois soldats aux gardes, envoyés de Peterhof pour repandre un manifeste dans le peuple, et me dirent: «Tiens, voilà ce dont Pierre III nous a chargé; nous le donnons à toi, nous sommes bien aise que nous ayons eu cette occasion de nous rejoindre à nos frères."

Après la première lettre, arrive une seconde portée par le général Michel Ismaïlof, qui se jette à mes pieds et me dit: «Me comptez-vous pour honnête homme?» Je lui dis que oui. «Hé bien, dit-il, il y a plaisir d'etre avec les gens d'esprit, l'empereur s'offre à renoncer. Je vous l'amenerai, après la renonciation très-libre; j'eviterai une guerre civile à ma patrie, sans difficultés.»

Je le chargeais de la commission, il alla la faire. Pierre III renonça, à Oranienbaum, en toute liberté, entouré de cinq mille Holsteinois, et vint avec Elisabeth Woronzof, Goudowitz et Ismaïlof à Peterhof, où, pour la garde de sa personne, je lui donnais cinq officiers et quelques soldats. Comme c'était le 29, jour de la Saint Pierre, à midi, il fallut bien diner. Tandis qu'on le preparait pour tant le monde, les soldats s'imaginerent que Pierre III etait amené par le prince Troubetzkoy, le feld-maréchal, et que celui-ci tachait de faire la paix entre nous deux; les voilà qui chargent tous les passants, et entre autres le Hetman, les Orlof et plusieurs autres; qu'il y a trois heures qu'ils ne m'ont vu; qu'ils meurent de peur que ce vieux frippon de Troubetzkoy ne me trompe, «en fesant une paix simulée entre ton mari et toi, et qu'on ne te perde et nous aussi; mais nous le mettrons en pièces.» Voilà leurs expressions. Je m'en allais chez Troubetzkoy et lui dis: «Je vous prie, mettez-vous en carrosse, tandis que je ferais à pied le tour de ces trouppes.» Je lui contais ce qui se passait. Il s'en alla en ville, tout effrayé, et moi je fus reçue avec des acclamations inouïes.

Après quoi, j'envoyais sous le commandement d'Alexis Orlof, suivi de quatre officiers et d'un detachement d'hommes doux et choisis, l'empereur deposé, à 25 verstes de Peterhof, dans un endroit nommé Ropseha, très-écarté et fort agréable, tandis qu'on préparait des chambres honnêtes et convenables à Schlusselbourg et qu'on eut le temps de mettre des chevaux pour lui en relais. Mais le bon Dieu en disposa autrement. La peur lui avait donné un cours de ventre qui dura trois jours et qui passa le quatrième; il but ce jour-là excessivement, car il voulait tout ce qu'il voulait, excepté la liberté. Il ne m'a cependant demandé que sa maitresse, son chien, son **** et son violon; mais, crainte de scandale et d'augmenter la fermentation des gens qui le gardaient, je ne lui envoyai que les trois dernières choses.

La colique hemoroïdique lui prit avec des transports au cerveau; il fut deux jours dans cet etat, d'où s'ensuivit une très grande faiblesse, et malgré tous les secours des medecins, il rendit l'ame, en demandant un prêtre lutherien. Je craignais que les officiers ne l'eussent empoisonné. Je le fis ouvrir, mais il est bien averé qu'on n'en trouva pas la moindre trace. Il avait l'estomac très sain, mais l'inflammation dans les boyaux, et un coup d'apoplexis l'avait emporté. Son cœur etait d'une petitesse extraordinaire et tout flétri.

Après son depart de Peterhof, on me conseillait d'aller tout droit à la ville. Je prévis que les trouppes s'en allarmeraient. J'en fis semer le bruit, sous pretexte de savoir à quelle heure, à peu près, après trois jours de fatigue, ils seraient en etat de se mettre en route. Ils dirent: «Vers les dix heures du soir, mais qu'elle vienne avec nous.» Je partis donc avec eux, et à moitié chemin je me retirais à la maison de campagne de Kourakin, où je me jettais tout habillée sur un lit: un officier m'ota les bottes; je dormis deux heures et demie et puis nous nous remimes en chemin.

De Catherinhof, je me remis à cheval, à la tête des régiments de Preobrajensky; un régiment d'houzards marchait devant, puis mon escorte qui etait la garde à cheval; puis venait immediatement devant moi toute ma cour; après moi marchaient trois régiments de gardes, selon leur ancienneté, et trois régiments de campagne.

J'entrais en ville, avec des acclamations innombrables et j'allais ainsi au palais d'été, où m'attendait la cour, le Synode, mon fils et tout ce qui vient à la cour. J'allais à la messe, puis on chanta le Te Deum, puis on vint me feliciter.

Moi, qui n'avais ni presque bu, ni mangé, ni dormi depuis le vendredi six heures du matin jusqu'à dimanche après diner, le soir je me couchais et je m'endormis. A minuit, à peine le fus-je, que le capitaine Passik entre dans ma chambre et m'eveille, me disant: «Nos gens sont horriblement ivres; un houzard dans le même etat a passé devant eux et leur a crié: Aux armes! 30 mille Prussiens arrivent, veulent nous enlever notre mère. Là-dessus, ils ont pris les armes, et viennent ici pour savoir l'etat de votre santé, disant qu'il y a trois heures qu'ils ne vous ont vu et qu'ils iront tranquillement à la maison, pourvu qu'ils voient que vous etes bien. Ils n'écoutent ni leurs chefs, ni même les Orlof.»

Me voilà de nouveau sur pied, et pour ne pas allarmer ma garde de la cour, qui etait d'un bataillon, j'allais à eux et leur dis la raison pourquoi je sortais à une pareille heure; je me mis en carrosse avec deux officiers et j'allai à eux. Je leur dis que je me portai bien, qu'ils allassent dormir et me donnassent aussi du repos; que je ne fesais que de me coucher, n'ayant dormi de trois nuits, que je souhaitais qu'ils ecoutassent à l'avenir leurs officiers. Ils me repondirent: qu'on leur avait donné l'allarme avec ces maudits Prussiens, qu'ils voulaient tous mourir pour moi. Je leur dis: «Hé bien, je vous remercie, mais allez vous coucher.« Là dessus, ils me souhaiterent le bonsoir et beaucoup de santé, et s'en allerent comme des agneaux à la maison, tournant toujours les yeux sur mon carrosse en se retirant.

Le lendemain, ils me firent faire des excuses, et regretterent beaucoup de m'avoir eveillée, disant: «Si chacun de nous la voudra toujours voir, nous nuisons à sa santé et à ses affaires.»

Il faudrait un livre entier pour ecrire la conduite de chacun des chefs. Les Orlof brillent par leur art de régir les esprits, par une hardiesse prudente, par les grands et petits details, par leur présence d'esprit; ils ont beaucoup de bon sens, un courage généreux. Patriotes jusqu'à l'enthousiasme et fort honnêtes gens, attachés par passion à ma personne et unis, comme jamais frères ne l'ont été. Ils sont cinq, mais trois seulement etaient ici. Le capitaine Passik s'est distingué par la contenance qu'il a eu de rester douze heures dans son arret, les soldats lui ouvrant fenetres et portes, pour ne point jeter l'allarme avant mon arrivée dans son régiment, et s'attendant à tout moment qu'on l'amenat, pour lui donner la question, à Oranienbaum; l'ordre n'arriva qu'après moi.

La princesse Dashkof, sœur cadette d'Elisabeth Woronsof, quoique elle veuille s'en attribuer tout l'honneur, ayant connaissance de quelques uns des principaux, etait en mauvaise odeur, à cause de sa parenté et de son age de 19 ans, n'imposait à personne; et quoique elle pretendait que tout passait par elle à moi, cependant tous les gens avaient communication avec moi, depuis six mois, et avant qu'elle connut jusqu'à leurs noms. Mais à beaucoup d'ostentation elle joint d'humeur brouillon et est fort haïe de nos chefs. Il n'y avait que des etourdis qui la mettaient au fait de ce qu'ils savaient, qui etait de menu detail. Ivan Ivanowitch Schouvalof, le plus bas et le plus lâche des hommes, cependant a écrit, dit-on, à Voltaire, qu'une femme de 19 ans avait changé le gouvernement de cet empire. Détrompez, je vous prie, ce grand ecrivain: il fallait cacher à la princesse Dashkof les canaux des autres à moi, cinq mois avant qu'elle sut la moindre chose, et les quatre dernières semaines on ne lui disait que le moins qu'on pouvait.

La force d'esprit du prince Bariatinsky, qui cachait à son frère chéri, adjudant du ci-devant Empereur, ce secret, parce qu'il aurait été un confident non à craindre, mais inutile, mérite louange.

Dans la garde à cheval, un officier nommé Chitrof, agé de 22 ans, et un bas officier de 17, nommé Potiomkin, ont dirigé toute chose avec discernement, courage et activité.

Voilà à peu près notre histoire, le tout se fesant, je vous l'avoue, sous ma direction très particulière; et à la fin j'y jettais de l'eau, parceque le départ pour la campagne empêchait l'exécution et que tout etait mur depuis quinze jours.

Le ci-devant Empereur, quand il apprit le tumulte de la ville, fut empêché par les jeunes femmes dont il avait composé sa suite, de suivre l'avis du vieux feld marechal Munick, qui lui conseillait de se jeter dans Cronstadt, ou de s'en aller avec peu de monde à l'armée; et quand il alla sur une galère à Cronstadt, la ville etait dejà à nous, par la bonne conduite de l'amiral Talisin qui fit desarmer le général De Vier, qui y etait dejà de la part de l'Empereur, quand le premier y arriva. Un officier du port, de son propre mouvement, menaça ce prince malheureux de faire tirer à balles sur sa galère.

Enfin, le bon Dieu a tout mené à la fin qu'il s'etait proposé, et tout cela est plus un miracle, qu'un fait prévu et arrangé, car tant de combinaisons heureuses ne peuvent etre ensemble sans la main de Dieu.

J'ai reçu votre lettre. Une correspondance reglée serait sujette à mille inconvéniens, et j'ai vingt mille circonspections à garder et n'ai pas le temps de faire des billets doux nuisibles.

Je suis très genée... Je ne puis pas vous conter tout cela, mais cela est vrai.

Je ferais tout pour vous et votre famille, soyés en fortement persuadé.

J'ai mille bienséances et mille ménagements à garder, et avec cela je sens tout le poids du gouvernement.

Sachès que tout s'est fait par le principe de la haine contre les etrangers; que Pierre III passe lui-même pour tel.

Adieu, il y a dans le monde des situations bien etranges.

English translation (my own):

August 2 (Old Style), 1762.
I am sending Count Kaiserling, ambassador to Poland, shortly, to make you King, after the latter's death, and in case he cannot succeed for you, I want it to be Prince Adam.

All minds are still fermenting. Please refrain from coming here for fear of increasing it.

It had been six months since my entry into the throne was planned. Peter III had lost what little mind he had. He went right to the front, he wanted to break the guards, he led them into the countryside for that; he would have replaced them with his troops of Holstein who were to stay in town. He wanted to change his religion, to marry Elizabeth Vorontsova, to have me locked up.

On the day of the celebration of peace, after having publicly insulted me at table, he had ordered me to be arrested in the evening. My uncle, Prince Georg, had this order retracted; since that day, I have listened to the proposals that have been made to me since the death of the Empress.

The plan was to take him to his room and lock him up, like Princess Anna and her children. He went to Oranienbaum. We were sure of a large number of captains in the guard regiments. The fate of the secret was in the hands of three Orlov brothers, Osten remembers having seen the eldest follow me everywhere and do a thousand follies; his passion for me was public, and everything, by him, was done in this view; they are extremely determined people and much loved by common soldiers, having served in the Guards. I have the greatest obligations to these people, all of Petersburg is witness to this.

The minds of the guards were prepared, and there were, in the end, in secret, 30 to 40 officers and nearly 10,000 common men. No traitor was found for three weeks, because there were four separate factions, the leaders of which were brought together for execution, and the real secret was in the hands of these three brothers; Panin wanted it to be in my son's favour, but they never wanted it.

I was at Peterhof, Peter III was living and drinking at Oranienbaum. It was agreed that in case of betrayal they would not wait for his return, but would assemble the guards and proclaim me. Zeal for me did what treason would have done; a rumour spread among the crowd on the 27th that I had been arrested; the soldiers started to move, one of our officers calmed them; a soldier came to a captain named Passik, leader of a faction, and told him that I was assuredly lost; he assured him that he has heard from me. This soldier, always armed for me, went to another officer and said the same thing to him; this was not a secret. Frightened to hear that an officer had dismissed, this soldier, without arresting him, went to the major. The latter sent to arrest Passik. Here was the whole regiment in motion. The report was sent that night to Oranienbaum. This was the alarm among our conspirators; they resolved first to send the second Orlov brother to my house to take me to town, and the other two go everywhere to say that I am going to arrive.

The Hetman, Volkonsky, Panin, were in secret. I slept peacefully at Peterhof, at six in the morning on the 28th. The day was very worrying for me, because I knew everything that was going on. Alexei Orlov entered my room and said to me, with great tranquility: "It's time to get up, everything is ready to proclaim you." I asked him for details, he said to me: "Passik is arrested." I no longer hesitated, I dressed quickly, without doing my makeup, and got into the coach he had brought; another officer was acting as a valet at the door, a third came to meet us a few versts from Peterhof.

Five versts from the city, I met the elder Orlov with Prince Baryatinsky the younger; the latter gave way to me in the chair, for my horses were returned and we were going to disembark in the Ismailovsky regiment. There were only twelve men and a drum, which began to beat the alarm. Here came the soldiers who arrived, kissing me, kissing my feet, my hands, my dress, calling me their saviour. Two brought a priest with the cross. Here they began to take an oath to me; that being done, I was asked to get into a coach; the priest with the cross walked in front. We went to Semyonovsky's regiment; the latter came to meet us shouting "vivat!"; we went to the Church of Kazan, where I stayed. The Preobrazhensky regiment arrives, shouting "vivat!", saying to me: "We beg your pardon for coming last, our officers have arrested us; but here are four of them, which we bring you arrested to show you our zeal; we also wanted what our brothers wanted." The mounted guard arrived; they were in a fury of joy, I have never seen anything like it, weeping, crying for the deliverance of the country.

This scene took place between the Hetman's garden and the Kazansky; the horse guard was in the corps, the officers at the head. As I knew that my uncle, to whom Peter III had given this regiment, was horribly hated by it, I sent foot guards to my uncle to beg him to stay home, for fear of accident to his person; not at all, his regiment had detached to arrest him; they looted his house and mistreated him.

I was going to the new winter palace, where the Synod and the Senate were assembled. A manifesto and the oath were hastily drawn up. From there I got out and walked around the crowds. There were over 14,000 men, guards and field regiments. As soon as I was seen, there were cries of joy, which innumerable people repeated; I went to the old Winter Palace to take the measurements and finish. There we advised and it was resolved to go, me at the head, to Peterhof, where Peter III was to dine. There were posts set up on all the main roads, and languages ​​were brought to us every now and then.

I sent Admiral Talisin to Kronstadt. Chancellor Vorontsov arrived, sent to reproach me for my departure: he was taken to church to take the oath. Prince Trubetskoy and the Count Shuvalov, also from Peterhof, arrive to secure the regiments and kill me; they were taken to take the oath without any resistance.

After having dispatched all our letters and taking all our precautions, at around 10 o'clock in the evening, I put on the guard uniform. Having had myself proclaimed colonel, with inexpressible acclamations, I mounted my horse, and we left only a few people from each regiment to guard my son, who had remained in town. I went out too, at the head of the crowd, and we walked all night to Peterhof, arrived at the little monastery on this road, the vice-chancellor Galitzin arrived with a very flattering letter from Peter III. I forgot to say that on leaving the city, three soldiers in the guards came to me, sent from Peterhof to spread a manifesto among the people, and said to me: "Here, this is what Peter III has given us; we give it to you, we are very glad that we have had this opportunity to join our brothers."

After the first letter came a second brought by General Mikhail Ismailov, who threw himself at my feet and asked: "Do you count me as an honest man?" I told him yes. "Well," he said, "it's a pleasure to be with people of mind, the Emperor offers to abdicate. I will bring it to you after the very free renunciation; I shall avoid a civil war in my homeland, without difficulties."

I charged him with the commission, he went to do it. Peter III abdicated, in Oranienbaum, in complete freedom, surrounded by five thousand Holsteiners, and came with Elizabeth Vorontsova, Gudowitz and Ismailov to Peterhof, where, for the protection of his person, I gave him five officers and a few soldiers. As it was the 29th, St. Peter's Day, at noon, we had to have dinner. While he was being prepared for so many people, the soldiers imagined that Peter III was brought by Prince Trubetskoy, the field-marshal, and that the latter was trying to make peace between us two; here they were charging all the passers-by, and among others the Hetman, the Orlovs and several others; that it had been three hours since they saw me; that they were dying from fear that this old frippon of Trubetskoy did not deceive me, "by making a simulated peace between your husband and you, and that you and us too are not lost; but we shall tear it to pieces." These are their expressions. I went to Trubetskoy's and said to him: "I beg you, get in a coach, while I walk around these troops." I told him what was going on. He went into town, terrified, and I was received with incredible cheers.

After which I sent under the command of Alexei Orlov, followed by four officers and a detachment of gentle and chosen men, the emperor deposed, 25 versts from Peterhof, to a place called Ropsha, far removed and very pleasant, while honest and suitable rooms were being prepared at Schlüsselburg; and there was time to put horses for him in relay. But the good Lord disposed of it otherwise. Fear had given him indigestion, which lasted three days and ended on the fourth; he drank excessively that day, for he wanted everything he wanted, except freedom. However, he only asked me for his mistress, his dog, his ****** and his violin; but for fear of scandal and of increasing the ferment of the people who guarded him, I only sent him the last three.

The hemorrhoidal colic seized him with transports to the brain; he was two days in this state, from which ensued a very great weakness, and in spite of all the help of the doctors, he returned his soul, asking for a Lutheran priest. I was afraid the officers had poisoned him. I opened it, but it is well documented that no trace of it was found. He had a very healthy stomach, but the inflammation in the guts, and a stroke had taken him away. His heart was extraordinarily small and withered.

After leaving Peterhof, I was advised to go straight into town. I predicted that the troops would go off. I spread the rumour, on the pretext of knowing at what time, approximately, after three days of fatigue, they would be in a condition to set off. They said, "At around ten in the evening, but may she come with us." So I left with them, and halfway I retired to the country house at Kurakin, where I threw myself fully dressed on a bed; an officer took off my boots; I slept two and a half hours and then we started again on the way.

From Catherinhof, I got back on horseback at the head of Preobrazhensky's regiments; a regiment of Hussars marched in front, then my escort who was the mounted guard; then came immediately before me all my court; after me marched three regiments of guards, according to their seniority, and three field regiments.

I entered the city with innumerable cheers and thus went to the summer palace, where the court, the Synod, my son and all who come to the court awaited me. I went to mass, then the Te Deum was sung, then they came to congratulate me.

I, who had hardly drunk, eaten or slept from six o'clock on Friday morning until Sunday after dinner, in the evening I went to bed and fell asleep. At midnight, barely I was, when Captain Passik entered my room and woke me up, saying: "Our men are horribly drunk; a Hussar in the same state passed in front of them and shouted to them: 'To arms! 30,000 Prussians are arriving, wanting to take our Mother away from us.' Thereupon, they took up arms, and come here to know the state of your health, saying that they have not seen you three hours ago and that they will go home quietly, provided that they see you are okay. They do not listen to their leaders, or even to the Orlovs."

Here I was, again on my feet, and in order not to alarm my court guard, which was from a battalion, I went to them and told them the reason why I was going out at such an hour; I got into a coach with two officers and went up to them. I told them that I was well, that they should go to sleep and also give me rest; that I only went to bed, having slept for three nights, that I wished them to listen to their officers in the future. They replied: that they had been given the alarm with those damned Prussians, that they all wanted to die for me. I said to them, "Well, I thank you, but please go to bed." With that, they wished me a good evening and much health, and went home like lambs, still turning their eyes to look upon my coach while withdrawing.

The next day they made me apologise, and very much regretted waking me up, saying, "If each of us will always want to see her, we would be damaging her health and her business."

It would take an entire book to write down the conduct of each of the leaders. The Orlovs shine by their art of governing spirits, by prudent boldness, by great and small details, by their presence of mind; they have a lot of common sense, a generous courage. Patriots to the point of enthusiasm and very honest people, passionately attached to me and united, as brothers never have been. They are five, but only three were here. Captain Passik distinguished himself by the countenance he had in remaining twelve hours in his stop, the soldiers opening windows and doors to him, so as not to throw the alarm before my arrival in his regiment, and expecting any time he is brought, to give him the question, to Oranienbaum; the order did not arrive until after me.

Princess Dashkova, younger sister of Elizabeth Vorontsova, although she wanted to take all the honour, knowing some of the principal ones, was in bad odour, because of her kinship and her age of 19, imposing on no one; and although she claimed that everything went through her to me, yet all the people had communicated with me, for six months, and before she knew even their names. But with a lot of ostentation she adds a messy mood and is greatly hated by our leaders. It was only giddy people who brought her up to speed with what they knew, which was in minute detail. Ivan Ivanovich Shuvalov, the lowest and most cowardly of men, however, wrote to Voltaire that a 19-year-old woman had changed the government of this empire. I beg you, this great writer should be concealed from Princess Dashkova the channels of others to me, five months before she knew the slightest thing, and for the last four weeks she was only told the least that could.

The strength of mind of Prince Baryatinsky, who hid this secret from his beloved brother, adjutant of the former Emperor, because he would have been a confidant not to be feared, but useless, deserves praise.

In the mounted guard, an officer named Khitrov, aged 22, and a junior officer of 17, named Potemkin, directed everything with discernment, courage and activity.

This is more or less our history, all being done, I confess, under my very particular direction; and in the end I took the plunge, because leaving for the countryside prevented the execution and everything had been ripe for a fortnight.

The former Emperor, when he learned of the tumult of the city, was prevented by the young women of whom he had composed his suite, from following the advice of the old field-marshal Munick, who advised him to throw himself into Kronstadt, or to go with few people to the army; and when he went on a galley to Kronstadt, the city was already ours, by the good conduct of Admiral Talisin who disarmed General De Vier, who was already there on behalf of the Emperor, when the first there arrived. A port officer, of his own accord, threatened this unhappy prince with having his galley fired with bullets.

Finally, the good God has brought everything to the end He had proposed, and all this is more of a miracle than a fact foreseen and arranged, for so many happy combinations cannot be together without the hand of God.

I have received your letter. A settled correspondence would be subject to a thousand inconveniences, and I have twenty thousand circumscriptions to keep and have no time to make harmful soft notes.

I am so embarrassed... I cannot tell you all this, but it is true.

I will do anything for you and your family, please be sure of that.

I have a thousand decorums and a thousand precautions to keep, and with that I feel all the weight of the government.

Know that everything was done by the principle of hatred against foreigners; may Peter III himself pass for such.

Goodbye, there are some very strange situations in the world.

Notes: verst = A Russian unit of length, equivalent to 1.07 kilometers or about ⅔ of a mile.

In this letter Catherine refers to Peter's black servant with the n word (in French). I have censored the word in both the original language and translation, but to ignore it would be to ignore racism. Although I am half black, and it is being reclaimed by black people, it is an ugly word in my opinion because of its original use and intent, and I would rather not use it. It was wrong then and it is wrong now.

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