Sunday, March 21, 2021

Marie Antoinette's letter to her mother the Holy Roman Empress Maria Theresa, dated July 12, 1770

Source:

Maria-Theresia und Marie-Antoinette, Ihr Briefwechsel während der Jahre 1770-1780, published by Alfred Ritter von Arneth, 1865



Above: Marie Antoinette, painted by Jean-Baptiste Charpentier the Elder after Joseph Ducreux.


Above: Maria Theresa, Holy Roman Empress, painted after Joseph Ducreux.

The letter:

Madame ma très-chère mère. Je ne peux vous exprimer combien j'étais touchée des bontés que Votre Majesté m'y marque et je lui jure que je n'ai pas encore reçu une de ses chères lettres sans avoir eu les larmes aux yeux de regret d'être séparée d'une aussi tendre et bonne mère, et quoique je suis très-bien ici, je souhaiterais pourtant ardemment de revenir voir ma chère et très-chère famille au moins pour un instant.

Je suis au désespoir que V. M. n'a pas reçu ma lettre. J'ai cru qu'elle irait par le courrier, mais Mercy a jugé à propos de l'envoyer par Forcheron, et c'est à ce que je m'imagine ce qui cause le retard. Je trouve que c'est bien triste de devoir attendre mon oncle, mon frère et ma belle soeur sans savoir quand ils viendront. Je la supplie de me marquer si c'est vrai qu'elle est allée à leur rencontre à Gratz et que l'empereur est beaucoup maigri de son voyage; cela pourrait m'inquiéter n'ayant pas trop de graisse pour cela.

Pour ce qu'elle m'a demandé pour mes dévotions je lui dirai que je n'ai communié qu'une seule fois; je me suis confessée avant-hier à M. l'abbé Modoux, mais comme c'était le jour que j'ai cru partir pour Choisy, je n'ai point communié, ayant cru d'avoir trop de distraction ce jour-là. Notre voyage de Choisy a retardé d'un jour, mon mari ayant eu un rhume avec de la fièvre, mais cela s'est passé dans un jour, car ayant dormi 12 heures et demie tout de suite, il s'est trouvé très-bien portant et en état de partir. Nous sommes donc depuis hier ici où on est depuis une heure, où l'on dîne, jusqu'à une heure du soir sans rentrer chez soi, ce qui me déplait fort, car après le dîner l'on joue jusqu'à six heures, que l'on va au spectacle qui dure jusqu'à 9 heures et demie et en suite le souper, de là encore jeu jusqu'à une heure et même la demie quelquefois, mais le roi voyant que je n'en pouvais plus hier a eu la bonté de me renvoyer à 11 heures, ce qui m'a fait grand plaisir et j'ai très-bien dormi jusqu'à 10 heures et demie, quoique seule, mon mari étant encore au régime et rentré avant souper et s'est couché tout de suite chez lui, ce qui n'arrive jamais sans cela.

Votre Majesté est bien bonne de vouloir bien s'intéresser à moi et même de vouloir savoir comme je passe ma journée. Je lui dirai donc que je me lève à 10 heures ou à 9 heures et demie et m'ayant habillé je dis mes prières du matin, ensuite je déjeûne et delà je vais chez mes tantes où je trouve ordinairement le roi. Cela dure jusqu'à 10 heures et demie; ensuite à 11 heures je vais me coiffer. A midi on appelle la chambre et là tout le monde peut entrer, ce qui n'est point des communes gens. Je [mets] mon rouge et lave mes mains devant tout le monde, ensuite les hommes sortent et les dames restent et je m'habille devant elles. A midi est la messe; si le roi est à Versailles, je vais avec lui et mon mari et mes tantes à la messe; s'il n'y est pas, je vais seule avec M. le Dauphin, mais toujours à la même heure. Après la messe nous dînons à nous deux devant tout le monde, mais cela est fini à une heure et demie, car nous mangeons fort vite tous deux. De là je vais chez M. le Dauphin et s'il a affaires, je reviens chez moi, je lis, j'écris ou je travaille, car je fais une veste pour le roi, qui n'avance guère, mais j'espère qu'avec la grâce de Dieu elle sera finie dans quelques années. A 3 heures je vais encore chez mes tantes où le roi vient à cette heure là; à 4 heures vient l'abbé chez moi, à 5 heures tous les jours le maître de clavecin ou à chanter jusqu'à 6 heures. A 6 heures et demie je vais presque toujours chez mes tantes, quand je ne vais point promener; il faut savoir que mon mari va presque toujours avec moi chez mes tantes. A 7 heures on joue jusqu'à 9 heures, mais quand il fait beau, je m'en vais promener et alors il n'y a point de jeu chez moi, mais chez mes tantes. A 9 heures nous soupons et quand le roi n'y est point, mes tantes viennent souper chez nous, mais quand le roi y est, nous allons après souper chez elles, nous attendons le roi qui vient ordinairement à 10 heures trois quarts, mais moi en attendant me place sur un grand canapé et dors jusqu'à l'arrivée du roi, mais quand il n'y est pas, nous allons nous coucher à 11 heures. Voilà toute notre journée. Pour ce que nous faisons les dimanches et fêtes, je me le réserve à lui mander une autre fois.

Je vous supplie, ma très-chère mère, de pardonner si ma lettre est trop longue, mais c'est mon seul plaisir de m'entretenir avec elle. Je lui demande encore pardon si la lettre est sale, mais je l'ai dû écrire deux jours de suite à la toilette, n'ayant pas d'autre temps à moi et si je ne lui réponds pas exactement, qu'elle croie que c'est par trop d'exactitude à brûler la lettre. Il faut que je finisse pour m'habiller et aller à la messe du roi; j'ai donc l'honneur d'être
la plus soumise fille
ANTOINETTE.
Choisy, ce 12 juillet 1770.

Je lui envoie la liste des présents que j'ai reçu, croyant que cela pourrait l'amuser.

English translation (my own):

Madame my very dear mother. I cannot express to you how much I was touched by the kindness that Your Majesty shows me, and I swear to you that I have not yet received one of your dear letters without having had tears in my eyes of regret at being separated from you, such a loving and good mother; and although I am very well here, I would nevertheless ardently wish to return to see my dear and very dear family at least for a moment.

I am in despair that Your Majesty has not received my letter. I thought it would go by mail, but Mercy saw fit to send it by Forcheron, and that's what I imagine is causing the delay. I find it very sad to have to wait for my uncle, my brother and my sister-in-law without knowing when they will come. I beg you to tell me if it is true that she went to meet them at Gratz and that the Emperor is much thinner from his trip; I might be worried about him not having too much fat for this.

For what you asked me about my devotions I will tell you that I have only received Communion once; the day before yesterday I confessed to Monsieur l'Abbé Modoux, but as it was the day that I thought I was leaving for Choisy, I did not take Communion, having thought I had too much distraction that day. Our trip from Choisy was delayed by a day, my husband having had a cold with a fever, but it happened in a day, because having slept for twelve and a half hours straight away, he found himself in very good health and ready to go. We have been here since yesterday, where we have been for an hour, where we have dinner until one in the evening without going home, which displeases me greatly, because after dinner we play until six o'clock, we go to the show, which lasts until half past nine, and then supper, from there again until one o'clock and even half-past sometimes, but the King, seeing that I could not stand it yesterday, was kind enough to send me away at 11 o'clock, which gave me great pleasure, and I slept very well until half-past ten, albeit alone, my husband still on a diet and returned before supper and immediately went to bed at home, which never happens without it.

Your Majesty is very good to take an interest in me and even to want to know how I am spending my day. So I will tell you that I get up at 10 or 9:30, and, having gotten dressed, I say my morning prayers, then I have breakfast and then I go to my aunts, where I usually find the King. This lasts up to 10:30; then at 11 o'clock I will do my hair. At midday one calls the chamber and there everyone can enter, those who are not common people. I put on my rouge and wash my hands in front of everyone, then the men come out and the ladies stay and I get dressed in front of them. At noon is mass; if the King is at Versailles, I go with him and my husband and my aunts to mass; if he is not there, I go alone with Monsieur le Dauphin, but always at the same time. After mass we have dinner together in front of everyone, but it is over at half past one, because we both eat very quickly. From there I go to Monsieur le Dauphin and if he has business, I return home, I read, I write or I work, as I am making a jacket for the King, it is hardly moving forward, but I hope that with the grace of God it will be finished in a few years. At 3 o'clock I again go to my aunts, where the King comes at that time; at 4 o'clock the Abbé comes to me, at 5 o'clock every day I have the harpsichord master or singing master until 6 o'clock. At half past six I almost always go to my aunts, when I am not going for a walk; you should know that my husband almost always goes with me to my aunts. At 7 o'clock we play until 9 o'clock, but when the weather is fine, I go for a walk and then there is no game at home, but at my aunts'. At 9 o'clock we have supper and when the King is not there, my aunts come to supper with us, but when the King is there, we go after supper with them, we wait for the King, who usually comes at quarter past ten, but I meanwhile place myself on a large sofa and sleep until the King arrives, but when he is not there, we go to bed at 11 o'clock. That's our whole day. As for what we do on Sundays and holidays, I reserve to tell you another time.

I beg you, my very dear mother, to forgive if my letter is too long, but it is my only pleasure to speak with you. I ask your forgiveness again if the letter is dirty, but I had to write two days in a row while at my toilette, having no other time for myself; and if I do not answer you exactly, you will think that it is too much accuracy to burn the letter. I must finish to get dressed and go to the King's mass; I therefore have the honour of being
Your most submissive daughter
Antoinette.
Choisy, July 12, 1770.

I'm sending you the list of presents I have received, thinking it might amuse you.

No comments:

Post a Comment