Thursday, March 25, 2021

Madame de Sévigné's letter to Roger de Rabutin, Comte de Bussy, dated January 7, 1669

Sources:

Lettres, compiled by Hachette Monmerqué, 1862


The Letters of Madame de Sévigné to her Daughter and Friends, edited and translated by Sarah Josepha Hale, 1878



Above: Madame de Sévigné, painted by Ferdinand Elle.


Above: Roger de Rabutin, Comte de Bussy, painted by Claude Lefèbvre.

The letter:

À Paris, ce 7e janvier 1669.
Il est tellement vrai que je n'ai point reçu votre réponse sur la lettre où je vous donnois la vie, que j'étois en peine de vous, et je craignois qu'avec la meilleure intention du monde de vous pardonner, comme je ne suis pas accoutumée à manier une épée, je ne vous eusse tué sans y penser. Cette raison seule me paroissoît bonne à vous pour ne m'avoir point fait de réponse. Cependant vous me l'aviez faite, et l'on ne peut pas avoir été mieux perdue qu'elle l'a été. Vous voulez bien que je la regrette encore. Tout ce que vous écrivez est agréable, et si j'eusse souhaité, ou du moins si j'eusse été indifférente pour la perte de quelque chose, ce n'eût jamais été pour cette lettre-là.

Vous me dites très-naïvement tous les écriteaux qui sont au bas de mes portraits. Je suis persuadée que ceux qui en ont parlé autrement ont menti; mais celui où vous me louez sur l'amitié, qu'en dites-vous? J'entends votre ton, et je comprends que c'est une satire selon votre pensée; mais comme vous serez peut-être le seul qui la preniez pour une contre-vérité, et qu'en plusieurs endroits cette louange m'est acquise par des raisons assez fortes, je consens que ce que vous avez écrit demeure écrit à l'éternité; et pour vous, Monsieur le Comte, sans recommencer notre procès ni notre combat, je vous dirai que je n'ai pas manqué un moment à l'amitié que je vous devois. Mais n'en parlons plus: je crois que dans votre cœur vous en êtes présentement persuadé.

Pour notre chevalerie de Bretagne, vous ne la connoissez point. Le Bouchet, qui connoît les maisons dont je vous ai parlé, et qui vous paroissent barbares, vous diroit qu'il faut baisser le pavillon devant elles. Je ne vous dis pas cela pour dénigrer nos Rabutins. Hélas! je ne les aime que trop, et je ne suis que trop sensiblement touchée de ne pas voir celui qui s'appelle Roger briller ici avec tous les ornements qui lui étoient dus; mais il se faut consoler dans la pensée que l'histoire lui fera la justice que la fortune lui a si injustement refusée. Il ne faut donc pas que vous me querelliez, sur le cas que je fais de quelques maisons, au préjudice de la nôtre: je dis seulement des Sévignés ce qui en est, et ce que j'en ai vu.

Je suis fort aise que vous approuviez le mariage de Grignan: il est vrai que c'est un très-bon et un très-honnête garçon, qui a du bien, de la qualité, une charge, de l'estime et de la considération dans le monde. Que faut-il davantage? Je trouve que nous sommes fort bien sortis d'intrigue. Puisque vous êtes de cette opinion, signez la procuration que je vous envoie, mon cher cousin, et soyez persuadé que par mon goût vous seriez tout le beau premier à la fête. Bon Dieu, que vous y tiendriez bien votre place! Depuis que vous êtes parti de ce pays-ci, je ne trouve plus d'esprit qui me contente pleinement, et mille fois redis en moi-même: «Bon Dieu, quelle différence!»

English translation (from source 2):

PARIS, January 6, 1669.
It is as true that I did not receive an answer to the letter in which I gave you life, as that I was in pain, lest, with the best intention possible to pardon you, I had unintentionally killed you, being little accustomed to wield a sword. This was the only good reason I could assign to myself for your silence. In the mean time you had written, though your letter had never reached me. Allow me still to regret the circumstance. You always write pleasantly; and if I had wished to lose any portion of your correspondence, it would not have been that letter. I am glad you approve of the marriage with M. de Grignan; he is a very good man, and very gentlemanly — has wealth, rank, holds a high office, and is much esteemed and respected by the world. What more is necessary? I think we are fortunate, and as you are of the same opinion, sign the deed I sent you; and be assured, my dear cousin, that if it depended on me, you should be first at the entertainment. How admirably well you would act your part! Since you left us, I have heard no wit equal to yours, and I have said to myself a thousand times, "Good heavens, what a difference!" War is talked of, and it is said the king will take the field in person.

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