Thursday, March 25, 2021

Madame de Sévigné's letter to Roger de Rabutin, Comte de Bussy, dated June 4, 1669

Sources:

Lettres, compiled by Hachette Monmerqué, 1862



Above: Madame de Sévigné, painted by Robert Nanteuil.


Above: Roger de Rabutin, Comte de Bussy, painted by Claude Lefèbvre.

The letter:

À Paris, ce 4e juin 1669.
Pour vous dire le vrai, je ne me plaignois point de vous; car nous nous étions rendu tous les devoirs de la proximité dans le mariage de ma fille; mais je vous faisois une espèce de querelle d'Allemand pour avoir de vos lettres qui ont toujours le bonheur de me plaire. N'allez pas sur cela vous mettre à m'aimer éperdument comme vous m'en menacez: que voudriez-vous que je fisse de votre éperdument, sur le point d'être grand'mère? Je pense qu'en cet état je m'accommoderois mieux de votre haine que de votre extrême tendresse. Vous êtes un homme bien excessif: n'est-ce-pas une chose étrange, que vous ne puissiez trouver de milieu entre m'offenser outrageusement ou m'aimer plus que votre vie? Des mouvements si impétueux sentent le fagot. Je vous le dis franchement: vous trouver à mille lieues de l'indifférence est un état qui ne vous devroit pas brouiller avec moi, si j'étois une femme comme une autre; mais je suis si unie, si tranquille et si reposée, que vos bouillonnements ne vous profitent pas comme ils feroient ailleurs.

Mme de Grignan vous écrit pour Monsieur son époux. Il jure qu'il ne vous écrira point sottement, comme tous les maris ont accoutumé de faire à tous les parents de leur épousée. Il veut que ce soit vous qui lui fassiez un compliment sur l'inconcevable bonheur qu'il a eu de posséder Mlle de Sévigné: il prétend que pour un tel sujet il n'y a point de règle générale. Comme il dit tout cela fort plaisamment, et d'un bon ton, et qu'il vous aime et vous estime avant ce jour, je vous prie, Comte, de lui écrire une lettre badine, comme vous savez si bien faire. Vous me ferez plaisir, à moi que vous aimez, et à lui qui, entre nous, est le plus souhaitable mari, et le plus divin pour la société qui soit au monde. Je ne sais pas ce que j'aurois fait d'un jobelin qui eût sorti de l'académie, qui ne sauroit ni la langue ni le pays, qu'il faudroit produire et expliquer partout, et qui ne feroit pas une sottise qui ne nous fît rougir.

J'ai vu Madame votre femme, qui vous a fait un beau petit Rabutin; j'ai trouvé ma nièce jolie et spirituelle, je voudrois bien que vous l'eussiez amenée. Adieu, Comte.

English translation (my own):

Paris, June 4, 1669.
To tell you the truth, I did not complain about you; for we had fulfilled all the duties of proximity in my daughter's marriage; but I was making a sort of German quarrel with you in order to have your letters, which always have the good fortune to please me. Do not go on to love me madly as you threaten me. What would you like me to do with your madness, on the verge of being a grandmother? I think that in this state I would get along better with your hatred than with your extreme tenderness. You are a very excessive man: isn't it a strange thing that you cannot find a middle ground between offending me outrageously or loving me more than your life? Such impetuous movements smell of fagot. I tell you frankly: to find you a thousand leagues from indifference is a state which you should not quarrel with me, if I were a woman like any other; but I am so united, so calm and so rested, that your bubbling does not benefit you as it would elsewhere.

Madame de Grignan is writing to you on behalf of her husband. He swears that he will not write to you foolishly, as all husbands are accustomed to do to all the relatives of their wives. He wants you to pay him a compliment on the inconceivable happiness he has had in owning Mademoiselle de Sévigné: he claims that for such a subject there is no general rule. As he says all this very pleasantly, and in a good tone, and as he loves and esteems you before this day, I beg you, Comte, to write him a playful letter, as you know how to do so well. You will please me, me you love, and him who, between us, is the most desirable husband, and the most divine for the society in the world. I do not know what I would have done with a jobelin who had left the academy, who knew neither the language nor the country, which would have to be produced and explained everywhere, and who would not do something stupid that does not made us blush.

I saw Madame your wife, who made you a handsome little Rabutin; I found my niece pretty and witty, I wish you had brought her. Farewell, Comte.

Note: fagot = bundle of sticks intended for smoking or burning.

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