Source:
Lettres de Madame de Maintenon, volume 1, 1757
Above: Françoise d'Aubigné, Madame de Maintenon, artist unknown.
Above: Ninon de l'Enclos, painted by Louis Ferdinand the Elder Elle.
The letter:
Mademoiselle, voici des vers que Mr. Scarron a faits pour vous, après avoir très-inutilement tenté d'en faire contre vous. Je n'ai pas voulu lui permettre de vous les envoyer; et, voyez combien je compte sur vous, je lui ait dit que vous les recevriez de ma main avec plus de plaisir que de la sienne. Tous vos amis soupirent après votre retour. Depuis votre absence, ma cour en est grossie; mais c'est un foible dédommagement pour eux; ils causent, ils jouent, ils boivent, il bâillent. Le Marquis a l'air tout aussi ennuyé que les premiers jours de votre départ: il ne s'y fait point: c'est une constance héroïque. Revenez, ma très-aimable, tout Paris vous en prie. Si M. de Villarceaux savoit tous les bruits que madame de Fiesque seme contre lui, il auroit honte de vous retenir plus long-temps. Saint-Evremond veut vous envoyer Châtillon, Miossens et du Rincy, en qualité de chevaliers errants, pour vous enlever dans votre vieux château. Revenez, belle Ninon, et nous ramenez les graces et les plaisirs. Ce sont mes vœux: voici ceux de Mr. Scarron:
O belle et charmante Ninon!
A laquelle jamais on ne répondra, non,
Pourquoi que ce soit qu'elle ordonne;
Tant est grande l'autorité
Que s'acquiert en tous lieux une jeune personne,
Quand avec de l'esprit elle a de la beauté!
Le premier jour de l'an nouveau,
Je n'ai rien d'assez bon, je n'ai rien d'assez beau,
De quoi vous donner une étrenne.
Contentez-vous de mes souhaits:
Je consens de bon cœur d'avoir grosse migraine,
Si de bon cœur je ne les fais.
Je souhaite donc à Ninon
Un mari peu hargneux, mais qui soit bel et bon,
Force gibier tout le carême,
Bon vin d'Espagne, gros marron,
Force argent, sans lequel tout homme est triste et blême,
Et qu'un chacun l'estime autant que fait Scarron.
English translation (my own):
Mademoiselle, here are some verses which Monsieur Scarron wrote for you, after having very in vain tried to write them against you. I did not want to allow him to send them to you; and, see how much I count on you, I told him that you would receive them from my hand with more pleasure than from his. All your friends long for your return. Since your absence, my heart has grown bigger; but it is a small compensation for them; they talk, they play, they drink, they yawn. The Marquis looks just as bored as in the first days of your departure, he is not used to it; it is heroic consistency. Come back, my most amiable one, all of Paris begs you. If Monsieur de Villarceaux knew all the rumours that Madame de Fiesque is spreading against him, he would be ashamed to hold you back any longer. Saint-Evremond wants to send you Châtillon, Miossens and du Rincy, as knights errant, to kidnap you in your old castle. Come back, beautiful Ninon, and bring us the graces and pleasures. These are my wishes; here are those of Mr. Scarron:
O beautiful and charming Ninon!
To whom we shall never answer, no,
Why is it that she orders;
So great is her authority
What can a young person anywhere acquire, and
When with wit she has beauty!
On the first day of the new year,
I have nothing good enough, I have nothing pretty enough,
What to give you — a show?
Content yourself with my wishes:
I willingly agree to have a big migraine,
If I do not gladly make them.
So I wish Ninon
A slightly surly husband, but one who is beautiful and good,
Force game all Lent,
Good Spanish wine, big chestnut,
Force money, without which every man is sad and pale,
And let everyone esteem him as much as Scarron does.
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