Lettres de Madame de Maintenon, volume 1, 1757
Above: Françoise d'Aubigné, Madame de Maintenon, artist unknown.
Françoise d'Aubigné (born November 27, 1635, died April 15, 1719), known first as Madame Scarron and subsequently as Madame de Maintenon, was a French noblewoman who secretly married King Louis XIV. Although she was never considered queen of France, she was one of the King's closest advisers and the royal children's governess. In 1684, she founded the Maison royale de Saint-Louis, a school for girls from poorer noble families.
The letter:
MADEMOISELLE: vous m'écrivés des choses trop flâteuses: & vous me traités, peu s'en faut, comme si j'étois d'un sexe différent du vôtre. Je suis plus flâttée de vos louanges que de celles de M. de M****. Il m'en donne avec plus de passion, mais pas avec autant de tendresse. Aussi me méfierois — je bien d'un amant, qui sauroit entrer dans mon cœur avec la mème adresse que vous y entrés. Je ne regretterois point Paris, si vous n'y étiés pas. Vous effacés tout ce qui m'y a plu. Je n'oublierai jamais les larmes que vous avés versées avec moi: & toutes les fois que j'y pense, j'en verse encore. Je m'assieds avec un plaisir toujours nouveau sur cette chaise, que vous avés travaillée de vos mains: & quand je veux écrire, je ne suis contente ni de mes expressions ni de mes pensées, si je ne me sers pas de vos plumes & de votre papier. Je vous prie, Mademoiselle, de me dispenser de vous l'envoïer tout écrit. Je n'ai ni assez de courage ni assez d'esprit pour cela: je vous en promets la moitié: & vous aurés le reste, quand j'aurai autant d'esprit que M. Scaron. J'aime bien Mademoiselle de Neuillan; je vous prie de le lui dire, & de la remercier du service qu'elle m'a rendu, en me donnant en vous une amie qui me consoleroit de ma mere, si quelque chose pouvoit m'en consoler.
Modernised spelling:
MADEMOISELLE: vous m'écrivez des choses trop flatteuses: et vous me traitez, peu s'en faut, comme si j'étais d'un sexe différent du vôtre. Je suis plus flattée de vos louanges que de celles de M. de M****. Il m'en donne avec plus de passion, mais pas avec autant de tendresse. Aussi me méfierais — je bien d'un amant, qui saurait entrer dans mon cœur avec la même adresse que vous y entrez. Je ne regretterais point Paris, si vous n'y étiez pas. Vous effacez tout ce qui m'y a plu. Je n'oublierai jamais les larmes que vous avez versées avec moi: et toutes les fois que j'y pense, j'en verse encore. Je m'assieds avec un plaisir toujours nouveau sur cette chaise, que vous avez travaillée de vos mains: et quand je veux écrire, je ne suis contente ni de mes expressions ni de mes pensées, si je ne me sers pas de vos plumes et de votre papier. Je vous prie, Mademoiselle, de me dispenser de vous l'envoyer tout écrit. Je n'ai ni assez de courage ni assez d'esprit pour cela: je vous en promets la moitié: et vous aurez le reste, quand j'aurai autant d'esprit que M. Scarron. J'aime bien Mademoiselle de Neuillan; je vous prie de le lui dire, et de la remercier du service qu'elle m'a rendu, en me donnant en vous une amie qui me consolerait de ma mère, si quelque chose pouvoit m'en consoler.
English translation (my own):
Mademoiselle,
You write me things that are too flattering, and you treat me almost as if I were of a different sex from yours. I am more flattered by your praises than those of Monsieur de M****. He gives it to me with more passion, but not with so much tenderness. So I would be wary of a lover, who could enter my heart with the same address as you enter there. I would not miss Paris if you weren't there. You erase everything that I liked there. I will never forget the tears you shed with me, and every time I think about it, I still shed. I sit with an ever new pleasure on this chair, which you have worked with your hands: and when I want to write, I am not happy with my expressions or my thoughts, if I do not use your feathers and of your paper. I beg you, Mademoiselle, not to send it to you all in writing. I have neither courage nor enough wit for that: I promise you half of it, and you will have the rest, when I have as much wit as Monsieur Scarron. I like Mademoiselle de Neuillan; I beg you to tell her, and to thank her for the service she has rendered me, by giving me in you a friend who would console me for my mother, if anything could console me.
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