Source:
Mémoires concernant Christine, volume 1, page 264, Johan Arckenholtz, 1751
Above: King Kristina of Sweden, painted by Sébastien Bourdon.
The letter:
Monsieur. Je vous demande pardon de ce que je ne vous ai pas plûtôt remercié de cet excellent présent que vous m'avez envoïé par le Sr. Vossius, & de ce que je n'ai pas plûtôt fait réponse à la lettre que vous avez pris la peine de m'écrire. Ne croïez pas, Monsieur, que je sois méconnoissante envers une personne qui m'a voulu donner part d'un si précieux trésor, qu'est celui que j'ai reçu de vous: ni que je sois insensible envers les offres d'affection qu'un homme de votre mérite en a faites par une lettre si civile. Je vous conjure de croire, que je sai estimer l'un & l'autre comme je dois, & que je ne me rendrai jamais indigne ni par ingratitude, ni par insensibilité, de l'estime que vous témoignez avoir pour moi. Et puisque votre civilité s'est servi de ces termes pour m'assurer de votre affection, par lesquels, vous me voulez faire accroire que vous vous êtes donné à moi; je vous dirai que c'est avec joïe que je vous accepte au nombre des miens, & ce sera dorénavant avec votre permission que je me vanterai de cette acquisition. Je vous prie de croire que j'userai du droit que vous m'avez donné sur vous, avec la reserve & la discrétion que je dois avoir pour un homme de votre mérite: & je ne vous ferai jamais sentir, combien je suis absoluë, qu'en vous commandant de changer la qualité de serviteur en celle d'ami. C'est en cette qualité que je vous accepte entre les miens, & c'est à ce seul égard que je prétens d'éxercer le pouvoir que vous m'avez donné. Si après cela il me reste encore quelque autorité, je vous dirai, que je desire de vous la conservation de votre amitié après me l'avoir donnée si généreusement. Il est vrai que je ne la mérite pas. Aussi n'est-ce pas par mérite que j'y prétens. C'est votre générosité, & non pas mon mérite, qui a justifié ma prétention. Néanmoins je vous puis assurer en revange, que vous avez entiérement acquis l'estime & l'amitié de
Christine.
à Stockholm le 23 Nov. 1650.
English translation (my own):
Monsieur,
I beg your pardon for not thanking you rather for this excellent present that you sent me by Sir Vossius, and for not responding to the letter that you took the trouble to write to me. Do not think, Monsieur, that I am disrespectful to a person who wanted to give me part of such a precious treasure that is the one I received from you, nor that I am insensitive to offers of affection which a man of your merit made of it by such a civil letter. I beg you to believe that I know how to esteem both as I should, and that I will never make myself unworthy, either by ingratitude or by insensibility, of the esteem you show for me. And since your civility has used these terms to assure me of your affection, by which you want me to believe that you have given yourself to me, I will tell you that it is with joy that I accept you among my own, and it will be with your permission from now on that I will brag about this acquisition. I beg you to believe that I will use the right you have given me over yourself, with the reserve and discretion I should have for a man of your merit; and I will never make you feel how absolute I am except by commanding you to change the quality of servant to that of friend. It is in this capacity that I accept you among my own, and it is in this respect alone that I claim to exercise the power that you have given me. If after that I still have some authority, I will tell you that I desire from you the preservation of your friendship after having given it to me so generously. It is true that I do not deserve it. So it is not by merit that I claim it. It is your generosity, and not my merit, that justified my claim. However, I can assure you in return that you have fully acquired the esteem and friendship of
Kristina.
Stockholm, November 23, 1650.
No comments:
Post a Comment